Et si je vous décris un lieu où on craint moins de mourir d’un cancer . Où le cancer n’est pas la pire des fatalités. Où il peut même être salutaire. La mort, qui le suit, arrêtera ainsi les tourments, avec un dernier espoir de félicité, de contentement et de sérénité dans l’au-delà.
Et si je vous parlais du « No Dignity Land »?
Quand chez vous, vous vous sentez en insécurité, que votre pays est en guerre, votre état est en échec,
Ou quand vous êtes nés et vous aviez grandit dans un coin perdu, coupé de toute nouvelle civilisation,
Quand vous habitez dans ce coin perdu dans des habitations vétustes et insalubres,
Quand vous êtes un enfant qui marche chaque jour 5 kilomètres, aller-retour, parfois deux fois dans la journée, pour ramener un bidon d’eau sur la tête … Une eau rarement potable, mais sans avoir vraiment le choix !
Quand vous êtes une enfant, dont le père la marie au vieux chef du village contre quelques sacs de blé.
Quand vous êtes une femme, risquant un viol, de jour comme de nuit, célibataire comme mariée, à l’extérieur comme dans votre propre maison …
Quand vous tombiez enceinte une seconde fois, après avoir frôler la mort à votre première couche, terrifiée et vidée en attente silencieusement de revivre l’horreur …
Quand, vous êtes cet homme qui doit marcher 15 kilomètres pour cultiver une terre qui n’est pas la sienne, risquant sa vie si jamais il croise les brigands en chemin, en échange de quelques billets pièces pour nourrir sa famille …
Quand vous êtes une adolescente impuissante et peinée, aînée de sa famille, qui rêve d’une école accessible pour elle et sa fratrie …
Quand toute une population est prisonnière de sa ville, sans accès à l’eau potable, ni accès à l’électricité, sans quoi se nourrir , avec une jeunesse sans horizon et qui vit au jour le jour, en silence et en souffrance !
Résiliente face à l’inconnu, cette population, elle ne craint ni la maladie, ni le cancer, elle frôle la mort tous les jours !
Elle craint de mourir de soif, mourir de faim,
Elle craint de ne pas pouvoir rentrer, saine et sauve, après une dure journée de labeur aux champs, mais tout en ayant peur de mourir de faim en ne pas y aller,
Elle craint de mourir en donnant la vie,
Elle craint d’être violer chaque jour,
Elle a peur d’être forcer à rejoindre un groupe armé et d’être forcer à tuer son prochain!
Elle craint de perdre l’énergie de survivre jour après jour, et de perdre ce qui lui reste encore de sa dignité.
Elle craint de mourir de milles et une façon, le Cancer en sera le dernier !
Humeurs d'une Chirurgienne 